vendredi, mars 29

Les Bretonnes de Verrières

 Je vais vous raconter une histoire de femmes.

Contexte : en 1920, la France se remet de la Grande Guerre et de nombreuses femmes se retrouvent veuves et chefs de famille. 

Autour de Paris se trouve la "ceinture verte" où les maraîchers cultivent les  fruits et légumes pour nourrir les Parisiens. Ont se souvient des asperges d'Argenteuil ou les poires de Montreuil. La banlieue sud produit entre autres des fraises, des cornichons et des arbres fruitiers.

Les pauvres Bretonnes du Morbihan cherchent du travail et les maraîchers ont besoin d' ouvrières agricoles. 

Le premier Mai, à la gare Montparnasse, les maraîchers dans leur charrettes à cheval attendent l'arrivée des trains desquels débarquent des femmes portant leur valise en quête d'emploi. "Venez chez moi  à Bièvres, Igny ou Verrières le Buisson" et au hasard du plus offrant, elles montent dans la charrette pour se retrouver avec plusieurs de leur  congénères dans une exploitation agricole.

A Verrières le Buisson, les bretonnes, veuves ou célibataires, arrivent des villages de Melran, Pluvigner et Guénin -Morbihan.

Elles cultiveront 6 jours sur 7, 63  heures par semaines durant 22 semaines les fruits et les légumes destinés aux Halles de Paris pour revenir dans leur village breton le 1er Novembre. Elles sont rémunérées 2 francs de l'heure puis 2.50 francs à la suite d'une grève des ouvriers agricoles en 1937.

Leur logement est précaire dans des locaux anciens avec des dortoirs et un point d'eau. Les femmes veuves gardent leur salaire pour leur famille quant  aux célibataire, elles se retrouvent  le Dimanche dans les cafés du village. 

Elles continuèrent, de mère en fille,  à venir faire la saison jusque dans les années 1950.

Verrières le Buisson , en 1920 est une commune agricole et résidentielle d'environ 2500 habitants.

Les Bretonnes ont appréciées Verrières car il y avait du travail pour les femmes en tant ouvrières agricoles ou domestiques chez les familles bourgeoises mais aussi pour les hommes puisque l'entreprise de botanique Vilmorin-Andrieux, est le premier employeur de la commune depuis 1815.

De nombreuses  familles Bretonnes sont venus vivre à Verrières. Le recensement de 1931 indiquent que 62 bretons natifs des trois villages du Morbihan habitent à Verrières. 


Quelques cartes postales.









Une bretonne de Guénin. 

Marie Gillet  née Le Vagueresse en 1898 à Coët-Coët commune de Guénin.

En 1920, elle a coupé et vendu ses cheveux pour payer son billet de train pour Paris et devient ouvrière agricole chez la famille Lequet et l'Entreprise Vilmorin.

Elle reste à Verrières pour devenir bonne et cuisinière chez la famille Benoist qui vivait rue de l'ancienne Poste. Marie est installée dans une petite maison à l'angle de la rue.

Après une journée bien remplie : jardinage et cueillette, travaille chez Vilmorin,  elle préparait dans une grande lessiveuse de pâte à crêpes qu'elle vendaient aux bretons qui revenaient des champs d'où son surnom : "Marie la Crêpe" connue de tous les bretons de Verrières.

Sa fille Blandine prenait son vélo à l'heure du déjeuner pour livrer les crêpes aux bretons d'Igny.

Marie n'est plus repartie en Bretagne. Elle a fait venir tous ses frères et soeurs, ses cousins (famille Février et Robic) et ils sont tous restés vivre à Verrières.

témoignage de la petite fille de Marie.




Bien entendu les Bretons de Verrières avaient leur fête annuelle avec l'élection de leur reine !!




Quelques mots sur les Bretons Verriérois.





Article inspiré par l'exposition "Les Bretons à Verrières" présentée par l'Association  Les Amis du Musée de Verrières le Buisson et également par l'article de Charles Hervis "Où sont les femmes" de la Revue Française de Généalogie.







dimanche, mars 10

Un beau mariage

Nous sommes en 1915 à  Périgueux -Dordogne. Dans cette ville se trouve l' hôpital temporaire numéro 14 où travaillent Edmond Lagrave, médecin chef de l'hôpital et Joseph Camelin, aide médecin auxiliaire.

Geneviève Loumiet vit avec sa mère Catherine Bertin, Boulevard du Petit Change à Périgueux. Son père Gilles qui a été greffier de justice  est décédé en 1912, son frère Roger est au front et Fernand vit en Angleterre.



Joseph Camelin est  né le 1er Avril 1875 à Chambon sur Voueize - Creuse. Il fait ses études de médecine mais ne semble pas avoir obtenu le diplôme de fin d'études.

En 1905, il épouse Jeanne Poitevin et un fils Aimé Paul Eugène naît le 7 Décembre 1907 dans leur village, il sera médecin. Le couple part s'installer à Lyon où Joseph devient secrétaire de rédaction au journal L'express de Lyon. Les actes indiquent qu'il est également publiciste et historien.


                            L'express de Lyon Juin 1913


Donc, je le retrouve en 1915, veuf, âgé de 40 ans, à l'hôpital militaire  de Périgueux.

Comment Joseph et Geneviève  qui a 21 ans, se sont rencontrés. Je peux supposer qu'elle était bénévole à l'hôpital où a eu lieu le coup de foudre ...

Avant le mariage, ils doivent se rendre chez le notaire  Maître Hennequin-Lagarde pour établir un contrat de mariage, que voici :



Le couple opte pour le régime de la communauté réduite aux acquêts

La dot de Joseph Camelin se compose de vêtements personnels , mobilier de cuisine et ustensiles , un ameublement de salle à manger, de chambre à coucher, son cabinet de travail avec bureau, fauteuil, bibliothèque d'environ  500 volumes et 
divers objets d'art, tapis et linge de maison.
Il apporte également sa part de la succession de sa cousine Mme Philiberthe Fourreau veuve Roche qui est décédée à Périgueux le 5 Septembre 1914.
La somme globale de la dot s'élève à : 12700 francs.

Geneviève apporte mille francs en numéraires, divers meubles, le  linge de maison et son trousseau.
Elle hérite de la nue-propriété mobilière lui revenant de la succession de Catherine Aline Bertin, sa tante, décédée à Bordeaux le 17 Octobre 1904 ainsi que la nue-propriété immobilière de la succession de son père Gilles Loumiet partagée entre sa mère et ses deux frères.
La dot s'élève à la somme de : 7300 francs.


dernière page du contrat.

Le mariage a eu lieu à la Mairie de Périgueux  le 2 Septembre 1915. Les témoins sont : Edmond Lagrave, médecin, ami de l'époux, Roger Loumiet frère de l'épouse, Marie Antoinette Dumoult, professeur, amie de l'épouse et Camille Mourlont beau frère de l'époux.

Le couple s'installe  6 Quai Claude Bernard à Lyon.
Leur fils Roger voit le jour le 21 Juin 1920. Il deviendra militaire.




Joseph Camelin exerce plusieurs fonctions: Secrétaire de rédaction au journal  L'Express de Lyon, publiciste, historien et conférencier. Il écrit plusieurs livres et études sur l'histoire religieuse de la région Lyonnaise.
Voici quelques articles lus dans la presse ancienne : 






















Dans les années 1940, la famille part vivre à Vallauris Alpes Maritimes où Joseph décèdera à l'âge de 69 ans, le 29 Octobre 1944.

Au contrat de mariage est adjoint un document concernant sa succession.
le dont acte de décès :



et également un acte de notoriété où le notaire indique que ses deux fils et son épouse sont ses héritiers.


A noter les deux témoins : Mr Jules Agard tourneur en céramique et Mr Georges Ramai artisan potier.

Geneviève rejoindra son époux le 2 Novembre 1962 à Antibes.



                                                     moulin à huile et poterie de Vallauris

sources :AD Creuse Dordogne et  Rhône. Presse ancienne.