Je vais vous raconter une histoire de femmes.
Contexte : en 1920, la France se remet de la Grande Guerre et de nombreuses femmes se retrouvent veuves et chefs de famille.
Autour de Paris se trouve la "ceinture verte" où les maraîchers cultivent les fruits et légumes pour nourrir les Parisiens. Ont se souvient des asperges d'Argenteuil ou les poires de Montreuil. La banlieue sud produit entre autres des fraises, des cornichons et des arbres fruitiers.
Les pauvres Bretonnes du Morbihan cherchent du travail et les maraîchers ont besoin d' ouvrières agricoles.
Le premier Mai, à la gare Montparnasse, les maraîchers dans leur charrettes à cheval attendent l'arrivée des trains desquels débarquent des femmes portant leur valise en quête d'emploi. "Venez chez moi à Bièvres, Igny ou Verrières le Buisson" et au hasard du plus offrant, elles montent dans la charrette pour se retrouver avec plusieurs de leur congénères dans une exploitation agricole.
A Verrières le Buisson, les bretonnes, veuves ou célibataires, arrivent des villages de Melran, Pluvigner et Guénin -Morbihan.
Elles cultiveront 6 jours sur 7, 63 heures par semaines durant 22 semaines les fruits et les légumes destinés aux Halles de Paris pour revenir dans leur village breton le 1er Novembre. Elles sont rémunérées 2 francs de l'heure puis 2.50 francs à la suite d'une grève des ouvriers agricoles en 1937.
Leur logement est précaire dans des locaux anciens avec des dortoirs et un point d'eau. Les femmes veuves gardent leur salaire pour leur famille quant aux célibataire, elles se retrouvent le Dimanche dans les cafés du village.
Elles continuèrent, de mère en fille, à venir faire la saison jusque dans les années 1950.
Verrières le Buisson , en 1920 est une commune agricole et résidentielle d'environ 2500 habitants.
Les Bretonnes ont appréciées Verrières car il y avait du travail pour les femmes en tant ouvrières agricoles ou domestiques chez les familles bourgeoises mais aussi pour les hommes puisque l'entreprise de botanique Vilmorin-Andrieux, est le premier employeur de la commune depuis 1815.
De nombreuses familles Bretonnes sont venus vivre à Verrières. Le recensement de 1931 indiquent que 62 bretons natifs des trois villages du Morbihan habitent à Verrières.
Quelques cartes postales.
Une bretonne de Guénin.
Marie Gillet née Le Vagueresse en 1898 à Coët-Coët commune de Guénin.
En 1920, elle a coupé et vendu ses cheveux pour payer son billet de train pour Paris et devient ouvrière agricole chez la famille Lequet et l'Entreprise Vilmorin.
Elle reste à Verrières pour devenir bonne et cuisinière chez la famille Benoist qui vivait rue de l'ancienne Poste. Marie est installée dans une petite maison à l'angle de la rue.
Après une journée bien remplie : jardinage et cueillette, travaille chez Vilmorin, elle préparait dans une grande lessiveuse de pâte à crêpes qu'elle vendaient aux bretons qui revenaient des champs d'où son surnom : "Marie la Crêpe" connue de tous les bretons de Verrières.
Sa fille Blandine prenait son vélo à l'heure du déjeuner pour livrer les crêpes aux bretons d'Igny.
Marie n'est plus repartie en Bretagne. Elle a fait venir tous ses frères et soeurs, ses cousins (famille Février et Robic) et ils sont tous restés vivre à Verrières.
témoignage de la petite fille de Marie.
Bien entendu les Bretons de Verrières avaient leur fête annuelle avec l'élection de leur reine !!
Quelques mots sur les Bretons Verriérois.
Article inspiré par l'exposition "Les Bretons à Verrières" présentée par l'Association Les Amis du Musée de Verrières le Buisson et également par l'article de Charles Hervis "Où sont les femmes" de la Revue Française de Généalogie.